Métamorphoses de l’esperluette

Les éditions ZEUG publient un remarquable petit ouvrage consacré au signe «&».


En 1953, Jan Tschichold (typographe, théoricien et pédagogue) publie un texte historique sur le dessin du signe &, structuré par une collection de 288 esperluettes qu’il répertorie et analyse. Cette introduction à l’histoire de l’écriture et de la typographie par le biais d’un signe unique est pour la première fois traduite et publiée en français, dans une version fac-similé fidèle à la mise en forme originale de l’auteur.
Vous trouverez ci-dessous une histoire de l'esperluette, un portrait de Jan Tschichold et une présentation des éditions ZEUG.

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HISTOIRE DE L’ESPERLUETTE
L’esperluette, appelée également «et» commercial, désigne un signe qui provient de la ligature des lettres «e» et «t». Ce signe est un héritage des écritures de l’époque mérovingienne.
La caractéristique de ces écritures est une profusion de ligatures (groupes de 2 ou 3 lettres entrelacées). On en comptabilise, dans le fameux lectionnaire de Luxeuil (livre liturgique du début du VIIIe siècle), pas moins d’une centaine, ce qui rend la lecture ardue.
Toutefois, un processus de simplification s’engage et aboutit, sous Charlemagne, à l’écriture Caroline. Simplification des formes, rythme régulier, lignes et mots clairement déparés, suppression des nombreuses ligatures, facilitent une lecture aisée. La Caroline est la matrice originelle de nos caractères typographiques d’édition.
Néanmoins, une ligature sera conservée dans la Caroline : l’esperluette. Elle est toujours présente sur nos claviers d’ordinateur sous cette forme : &.
L’esperluette a le même sens dans de nombreuses langues.

 

JAN TSCHICHOLD
Personnage central de la typographie du XXe siècle,
Jan Tschichold (1902, Leipzig – 1974, Locarno) a publié de nombreux ouvrages sur la composition et l’histoire de la typographie. Menant de front plusieurs activités (typographe, dessinateur de caractères, maquettiste, enseignant), il aborde tous les aspects de cette discipline.
Tschichold pratique très tôt la calligraphie et mène des études classiques à l’Académie des métiers du livre et des arts graphiques de Leipzig. En 1923, il découvre le Bauhaus à Weimar et se convertit au modernisme qu’il va promouvoir à travers plusieurs écrits, notamment son article fondateur, Elementare Typographie (1925) et son livre Die neue Typographie (1928). Il y expose ses règles de composition asymétrique, préconise l’emploi de caractères sans  empattements, le contraste, les formats de papier standardisés et plaide pour une hiérarchisation lisible du contenu. Il devient enseignant à l’École supérieure de typographie de Munich et publie plusieurs autres manuels de mise en page.
En 1933, les nazis l’arrêtent avec son épouse pour sympathie communiste. Après six semaines de détention, ils fuient en Suisse et ses livres sont saisis et interdits.
Très marqué par la politique, il rejette peu à peu les théories modernistes, qu’il assimile à l’autoritarisme totalitaire et développe une connaissance extrêmement érudite de la l’histoire de la typographie. Ses études sur le classicisme dans l’imprimé ou les canons médiévaux de composition typographique font référence. Entre 1947 et 1949, il travaille en Angleterre chez Penguin Books, grande maison d’édition de livres à prix modiques, pour laquelle il redessine toutes les séries et crée une charte graphique devenue célèbre, les Penguin Composition Rules.
Il est en outre l’auteur de plusieurs caractères typographiques : Transit (1931), Saskia (1931-32), Zeus (1931), Sabon (1966-67).

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LES ÉDITIONS ZEUG
–zeug est une jeune maison d’édition française qui s’intéresse au design, à la typographie et à leur pédagogie.

En 2016, Sandra Chamaret et Julien Gineste fondent –zeug, autour du design et de la typographie. Graphistes et enseignants, engagés dans la définition et la diffusion de leur métier, ils ont notamment initié et co-dirigé la revue annuelle de culture typographique Après\Avant (2013—2015, Rencontres internationales de Lure).

En 2010, ils ont co-écrit avec Sébastien Morlighem l’ouvrage monographique Roger Excoffon et la fonderie Olive, une recherche historique et critique sur le typographe parue chez Ypsilon, qui a également donné lieu à une exposition itinérante.

Ils dirigent l’atelier de design graphique Grand ensemble depuis 2005, qui intervient dans les domaines de l’identité visuelle globale, de la muséographie, de la signalétique et de l’édition.

Sandra Chamaret (*1975) enseigne le design graphique au sein de l’atelier pluridisciplinaire de Didactique visuelle de la Haute école des arts du Rhin depuis septembre 2011 (ex Arts décoratifs de Strasbourg). Elle a été membre du Comité des Rencontres internationales de Lure durant sept années, programmant et animant des conférences sur le design graphique et la typographie, à Lurs et à la galerie Anatome (Paris).

Julien Gineste (*1973) est ancien étudiant de l’école supérieure Estienne, et diplômé des arts appliqués. Dessinateur de caractères, amateur de recherches historiques, son sujet de prédilection est la typographie d’affiche française des XIXe et XXe siècles. Il enseigne au sein du DSAA design typographique de l’école Estienne et à l’Université de Paris-Est Marne-la-Vallée.
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