Portrait de Franck Jalleau, concepteur typographe, calligraphe & graveur

Épisode 1 / Les études

Portrait d’un acteur majeur de la typographie en France. Nous allons découvrir le parcours riche d’un artiste calligraphe, dessinateur typographique et sculpteur… 

Des beaux-arts de Toulouse à l’Imprimerie Nationale en passant par l’Atelier National de Création Typographique et l’École Estienne.

Franck Jalleau, un trait de crayon vif, précis et un caractère bien trempé !

Franck Jalleau, né en 1962, est originaire de Nieul-sur-l’Autise en Vendée. Après ses études secondaires, il suit une formation en dessin d’exécution publicitaire pendant deux ans à Bordeaux. Repéré pour ses aptitudes en dessin, ses professeurs le poussent à tenter le concours des beaux-arts de Toulouse. Son appétence pour les travaux manuels le fait hésiter un temps avec le compagnonnage. C’est pourtant vers Toulouse que son choix va se porter, car il sait qu’on y dispense une formation spécifique dans le domaine du signe.

En effet, sa formation initiale à Bordeaux, qui consiste à redessiner des alphabets existants (issus des catalogues Letreset et Mecanorma) lui donne le goût et l’attire vers la typographie. 

Il tente et réussit le concours d’entrée des beaux-arts à tout juste dix-huit ans. Il y a d’abord un cycle de deux ans qui emmène vers un CIP (certificat d’initiation aux arts plastiques). Il s’agit d’une formation pluridisciplinaire : peinture, couleur, volume, etc. C’est une révélation pour Franck ! Il sait dès la première année que c’est vers le volume qu’il veut se diriger. 

 

La sculpture lui plait énormément et c’est un professeur, Jean Sallilas, sculpteur reconnu dans la région toulousaine, qui lui a donné le goût et l’envie de faire du modelage. 

En deuxième année un cours de calligraphie (facultatif), sous la conduite de Bernard Arin, est proposé aux étudiants. Cette entité au sein des beaux-arts s’appelle le Scriptorium de Toulouse. Franck s’y inscrit. La rencontre avec ce professeur est déterminante et celui-ci influencera fortement le jeune artiste tout au long de son évolution. La complicité est immédiate et l’on peut affirmer que Franck à trouver là son alter ego.

Il pratique assidûment la calligraphie, et par là même, étudie la source des formes typographiques. Toutefois la sculpture lui tient toujours à cœur. Bernard Arin, créatif dans l’âme, à l’idée de concilier calligraphie et sculpture : pourquoi pas la gravure lapidaire ? Problème, cette activité n’existe pas au sein des beaux-arts. Qu’à ne cela tienne : direction l’Angleterre, là où se trouvent les maîtres de la discipline. Tom Perkins et David Kindersley accueillent Franck Jalleau et son condisciple Éric Valat et vont leur transmettre un savoir-faire fondamental.

A son retour, il fait la connaissance du français Jean-Claude Lamborot, graveur émérite et figure marquante des Rencontres de Lure, avec lequel il apprendra beaucoup.

De la troisième à la cinquième année, il prépare son diplôme de graveur lapidaire (Diplôme national supérieur d’expression plastique). Durant cette période il continue la pratique de la calligraphie et du dessin de lettre avec Bernard Arin, mais aussi François Boltana, l’un des plus talentueux calligraphes français. 

Une fois son diplôme obtenu, il hésite un temps à créer un atelier de gravure. Toutefois, une formidable opportunité se présente à lui dès sa sortie des beaux-arts. En effet, au même moment (nous sommes en 1985) s’ouvre l’Atelier national de création typographique (rebaptisé depuis ANRT), situé à l’Imprimerie nationale à Paris, créé par le ministère de la Culture pour développer la création typographique en France. Il passe et réussit le concours d’entrée. Pour vivre, ce qui n’est pas une gageure pour un étudiant parachuté à Paris et qui n’a pas de moyens financiers, il postule à la Cité internationale des arts et y intègre un atelier qu’il peut occuper pendant deux ans. Grâce à cet environnement favorable qui lui permet de côtoyer des artistes de tous horizons, tout est réuni pour la poursuite de ses études dans les meilleures conditions. 

Travaux d'étudiant de Franck Jalleau